On continue notre découverte de l'Ile de Pâques (avant dernier article) avec aujourd’hui, la dernière demi-journée d’excursion avec Jérôme.
Après un petit déjeuner frugal, direction le volcan de Rano Kau dont le cratère mesure 1600m de diamètre pour 200 m de profondeur et âgé de 2,5 millions d’années.
(Cliquez sur l'image pour zoomer)
Et juste un peu plus loin, en haut des falaises, le village Orongo et le culte de l’homme-oiseau. Allez, un peu de lecture (courage, c'est bientôt la fin de notre séjour hihihi) :
Le culte de l'Homme-Oiseau n'apparaît que tardivement dans l'histoire pascuane, vers la fin du 17ème siècle, après les guerres tribales et la chute des Moaï.
En réponse à la colère populaire, les aristocrates menacés ont l'idée de valoriser et développer le culte de l'Homme-Oiseau. Chaque année, une grande cérémonie désigne un "Homme-Oiseau", qui détiendra les pouvoirs, exécutif et spirituel de l'île pendant un an.
Ainsi, le pouvoir est désormais exercé alternativement par le représentant de l'une des 7 autres tribus de l'île. Cet assouplissement notable du régime permet aux aristocrates de conserver leur rang et leurs privilèges.
Ce culte est étroitement lié au dieu Make-Make qui est le dieu prédominant de la religion pascuane.
Make-Make transmet à l'Homme-Oiseau son puissant "Mana", sa puissance spirituelle, par l'intermédiaire d'un oiseau, trait d'union entre la terre et le ciel, entre les hommes et les dieux.
Chaque année, en juillet, les oiseaux viennent pondre sur Motu Nui.
Le premier œuf de l'année est considéré comme un oeuf divin, véritable émanation de Make-Make.
Le chef spirituel qui récupère cet œuf, acquiert un très grand Mana et représente Make-Make sur terre : c'est le Tangata Manu, l'Homme-Oiseau.
Ainsi, tous les dignitaires des tribus, les grands prêtres, et une très nombreuse délégation se réunissent dans le village cérémoniel de Orongo.
De là, des guetteurs peuvent aisément surveiller les îlots en face.
Chaque chef de tribu désigne un homme — un athlète — chargé de partir à la quête de l'oeuf sacré pour lui.
Les sept athlètes descendent la falaise à pic en portant un radeau de joncs, sur lequel ils se couchent pour nager jusqu'à Motu Nui, à environ 2 km.
Frêles esquifs pour affronter les violents courants et échapper aux requins... L'autre avantage de ces légères embarcations de joncs, c'est que l'on peut glisser quelques vivres à l'intérieur. Car, bien sûr, nul ne sait à l'avance combien de jours vont se passer avant qu'un oiseau ne vienne pondre sur le motu. Les athlètes peuvent y rester plusieurs semaines !
Une fois arrivés sur Motu Nui, les hommes attendent...
Du haut de la falaise, à Orongo, les guetteurs observent leurs faits et gestes.
Dès qu'un oiseau pond, les athlètes entrent en lisse et le premier qui s'empare de l'oeuf sacré fait des signes au guetteur. Ainsi, au moment même où l'oeuf est ramassé, la délégation réunie à Orongo connaît le futur Tangata Manu. La course prend fin. Il s'agit désormais pour le vainqueur de ramener l'oeuf à son chef... et de le ramener intact.
Le culte de l'Homme-Oiseau prit fin vers 1870, lorsque les missionnaires —effarés ! — interdirent formellement cette cérémonie.
Petite vidéo où vous allez voir le volcan, le motu nui, Jérome (notre super guide), le village, il y avait beaucoup de vent d'où le bruit de fond :
Nous remontons dans le minibus avec encore une fois l'impression d'avoir vécu un moment formidable. Et pour ceux que çà interesse, n'hésitez pas à regarder le film RAPA NUI (cliquez sur le lien pour voir la bande annonce du film).
Nous nous dirigeons ensuite vers le site du Vinapu qui a fait couler le plus d’encre et suscité le plus de théories sur les origines du peuplement de l’île.
Composé de 2 ahu, on trouve ici un monolithe dégradé et surtout des pierres parfaitement ajustées. Avec un peu d’imagination, l’ensemble est vite devenu un centre cérémoniel édifié par des indiens d’Amérique du Sud (à cause du monolithe et des pierres ajustées à la manière des murs que bâtissent les incas), ce qui laisserait penser que les pascuans seraient originaires des côtes péruviennes.
Voilà, c’est ici que se termine la visite des principaux sites de l’île.
L’île de Pâques a-t-elle vécu, il y a plus de deux siècles, en miniature, ce que le monde d’aujourd’hui est en train de subir à l’échelle planétaire avec les dernières grandes forêts tropicales et équatoriales ? Augmentation de la population (au XVIème siècle, Rapa Nui aurait compté entre 10000 et 15000 habitants soit 3 fois plus que maintenant), destruction des arbres, violence, oppression d’une caste majoritaire par une caste minoritaire, guerres permanentes ont-elles déstabilisé la société, au point de provoquer l’éclatement de celle-ci, dont le symbole et la clé de voûte était justement ce culte des moai, c’est-à-dire des ancêtres qu’il aura fallu tuer une seconde fois pour s’en libérer ? Terrible exorcisme, qui doit interpeller le visiteur moderne.
Jérôme nous dépose au village où nous nous promenons un peu, puis l’heure du déjeuner, nous trouvons près du port des « roulottes » colorées, sorte de snack où nous mangerons des empenadas : petit chausson (ou feuilleté) farci de crevettes et de fromage fondu.
C’est le ventre rempli que nous faisons nos dernières emplettes avant de regagner la pension car demain est notre dernier jour sur Rapa nui.
Dernier diner, excellent comme d’habitude.